Les hauts plateaux du territoire d’Uvira, Mwenga et Fizi, traversent une crise humanitaire profonde depuis la fin mars 2025, suite aux violents affrontements entre les groupes Twigwaneho et Wazalendo dans le village de Mikenge. Ces violences ont entraîné un déplacement massif de populations, qui cherchent refuge dans le village de Point Zéro, à la limite de Fizi et Mwenga, sur la chaîne des montagnes Mitumba. Des milliers de déplacés arrivent chaque jour, fuyant l’insécurité et la violence, mais se retrouvent confrontés à une vie de plus en plus précaire.
Les conditions de vie au village Point Zéro sont alarmantes. « Les déplacés traversent des moments très difficiles », explique un observateur local. Ils n’ont pas accès aux marchés locaux ni aux produits agricoles de leurs champs. Cette situation engendre une instabilité des denrées alimentaires, et les familles vivent sans aucune aide, car toutes les organisations humanitaires ont été contraintes de quitter la zone. « La vie des populations vulnérables devient chaque jour plus intenable », déclare un habitant.
La rupture des mouvements commerciaux dans la région, accentuée par les combats de l’AFDC/M23, aggrave la situation. Les commerçants ambulants en provenance d’Uvira et Bukavu ne peuvent plus atteindre les hauts-plateaux, privant ainsi la population des biens de première nécessité. Un infirmier de l’hôpital général d’Itombwe, contacté par la rédaction de Fizinews24.info, rapporte : « La hausse des prix des produits de base est dramatique. Par exemple, un savon qui coûtait 3 500 FC est maintenant à 30 000 FC ». Cette inflation frappe durement les déplacés, qui sont déjà dans une situation de grande vulnérabilité.
En plus des difficultés économiques, les déplacés sont confrontés à des frais supplémentaires pour retirer de l’argent. « Pour accéder à l’argent sur Airtel Money ou M-Pesa, ils doivent payer la moitié du montant à retirer », témoigne un proche d’une famille déplacée. Ces frais supplémentaires pèsent lourdement sur des populations déjà appauvries.
Les déplacés tentent de se rendre dans les villages voisins comme Kanguli, Milende, Nakiele et Kilumbi pour trouver des vivres. Mais même avec de l’argent en poche, l’accès aux ressources reste compliqué. « Il devient de plus en plus difficile de se procurer des vivres, même en ayant de l’argent », confie un autre déplacé. La situation continue de se détériorer dans la région, laissant les habitants dans une incertitude totale quant à leur avenir.
Salumu Msafiri Modeste
