La gestion des déchets à Uvira suscite de vives inquiétudes. La production journalière de déchets ménagers, désormais estimée à 97 tonnes par jour, devient un problème de santé publique majeur, en raison de leur accumulation incontrôlée dans plusieurs coins de la ville.
Contacté par Fizinews24.info, Emmanuel Abedi Pascal, coordonnateur urbain du mouvement citoyen Machozi ya Rahiya (MCMR-RDC), tire la sonnette d’alarme. Il dénonce l’envahissement progressif de nombreux espaces publics par les ordures.
« Les marchés, les rivières, le lac, les ravins et même les abords de la RN5 sont devenus de véritables dépotoirs improvisés. Le cimetière, appelé ‘ville invisible’, n’est pas épargné. Les habitants du quartier Shishi y déversent des déchets dans certaines zones, bafouant ainsi ce lieu de mémoire », déclare-t-il.
Les quartiers les plus touchés par l’accumulation des déchets sont Rombe I et II, suivis de Kimanga, Kabindula, Mulongwe, Songo, Kamvivira et Nyamianda.
En l’absence de centre d’enfouissement technique ou de décharge publique contrôlée, la majorité des déchets produits par la population est charriée vers le lac Tanganyika à travers les caniveaux et les rivières locales : Mulongwe, Kasenga, Kalimabenge, entre autres.
« Même les déchets produits par les services de l’État suivent cette même trajectoire. Pourtant, l’État est censé protéger la biodiversité », a regretté Emmanuel Abedi.
la destruction des habitats aquatiques,
la prolifération du choléra et d’autres maladies hydriques,
l’augmentation de la turbidité de l’eau, qui bloque la lumière nécessaire à la vie sous-marine,
et au déséquilibre de l’écosystème du lac Tanganyika.
Les déchets organiques, riches en azote et en phosphore, favorisent également la prolifération de plantes aquatiques qui envahissent progressivement les berges.
Les quelques poubelles publiques fournies par la Croix-Rouge RDC ne suffisent pas à couvrir les besoins. Et une fois pleines, les déchets y contenus finissent eux aussi dans les ravins ou dans le lac, suivant le même circuit destructeur.
Face à cette crise, le MCMR-RDC appelle à :
1. la mise en œuvre urgente d’une politique de gestion des déchets,
2. la mobilisation et la sensibilisation de la population,
3. l’adoption d’une loi spécifique sur les déchets,
4. la création d’une structure spécialisée pour la collecte et le traitement des déchets solides à Uvira.
« La mauvaise gestion des déchets est à l’origine de nombreuses maladies comme le paludisme et le choléra. Nous ne resterons pas les bras croisés face à cette négligence. Le MCMR-RDC est prêt à mobiliser la population pour exiger que les autorités assument pleinement leurs responsabilités », conclut Emmanuel Abedi Pascal.
Salumu Msafiri Modeste