La ville d’Uvira, au Sud-Kivu, a été secouée par une tragédie ce lundi 8 septembre 2025. Une manifestation hostile organisée contre la réaffectation du général Olivier Gasita a fait un mort et neuf blessés, selon un bilan communiqué par l’armée congolaise.
D’après des sources de la Radio Tanganyika d’Uvira, relayées par la rédaction de Fizinews24.info, cette marche annoncée comme pacifique avait été initiée par des membres de la société civile des territoires d’Uvira, Fizi et Mwenga. La situation a dégénéré lorsque les manifestants ont tenté de forcer l’entrée de l’État-major du secteur Sokola 2 Sud, basé à Uvira, provoquant des tirs à balles réelles pour les disperser.
Dans un communiqué officiel des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), diffusé par le sous-lieutenant Mbuyi Kalonji Reagan, porte-parole du secteur Sokola 2 Sud Sud-kivu, le bilan fait état d’un mort par balle perdue et de neuf blessés graves, dont quatre militaires et cinq civils.
Les incidents sont survenus alors qu’un groupe de manifestants tentait d’accéder de force à l’État-major. L’armée précise avoir été contrainte de réagir face à des comportements « incontrôlés », causant un drame jugé évitable.
Le communiqué fait également état d’un enfant de 12 ans décédé après avoir été touché par une balle perdue. Les neuf blessés comprennent quatre militaires des FARDC et cinq civils, selon une mise à jour officielle.
De son côté, André Byadunia Mashaka, leader local, conteste ce bilan et relate les faits ainsi : « Tout a commencé lorsque les manifestants, en route pour déposer leur mémo à la mairie, ont été interceptés en face du monument par l’autorité urbaine accompagnée de plusieurs soldats, qui leur a demandé de déposer le mémo sur place, ce que les manifestants ont mal perçu. Ils ont donc poursuivi leur marche jusqu’à la mairie où ils ont remis leur mémorandum, tout en étant interdits de franchir le camp du secteur des FARDC. C’est alors que les tirs des forces armées ont éclaté, causant la mort de sept personnes et de nombreux blessés graves, comme bilan provisoire. Les dépouilles mortelles ont été récupérées par les FARDC », a-t-il expliqué.
Les FARDC indiquent avoir réceptionné le mémorandum des organisateurs, remis par les coordonnateurs de la société civile, et promettent de le transmettre aux autorités compétentes.
Par ailleurs, l’armée dénonce une « campagne de désinformation » sur les réseaux sociaux menée par des groupes armés hostiles, notamment le M23-AFC, Ngumino, Twirwaneho, Red Tabara et leurs présumés soutiens au sein de l’armée rwandaise. Ces groupes sont accusés de propager la rumeur d’une prétendue création d’une « République d’Uvira, Fizi et Mwenga ».
« Cette opération de désinformation s’inscrit dans une guerre informationnelle menée par une armée numérique visant à déstabiliser l’est de la RDC », affirme le communiqué des FARDC.
Par ailleurs, Kasimbila Makanika John, commandant des Wazalendo, appelle le gouvernement central de Kinshasa à restaurer la paix à Uvira avant que la situation ne dégénère davantage, dénonçant l’abandon du général Olivier Gasita des zones occupées par le gouvernement congolais en faveur des rebelles du M23/AFC, qualifiés de « traîtres à la nation congolaise ». Il affirme que les Wazalendo ne se trouvent jamais en conflit avec les forces loyalistes, malgré leur statut de réservistes de l’armée.
L’armée appelle la population à ne pas céder à la panique et à rester vigilante face à ce qu’elle qualifie de « champ de bataille numérique orchestré par les ennemis de la paix ». Elle insiste sur la nécessité de préserver la cohésion nationale entre les FARDC, les groupes d’autodéfense Wazalendo et la population locale.
Une accalmie précaire règne actuellement à Uvira. Les FARDC assurent toutefois qu’elles maintiendront une surveillance renforcée et promettent de tenir la population informée de toute évolution sécuritaire dans la région.
Salumu Msafiri Modeste