La population de la ville de Baraka, au Sud-Kivu, vit dans une atmosphère de terreur et de panique à la suite des affrontements opposant les FARDC, appuyées par les Wazalendo, aux rebelles du M23/AFC, sur fond de tensions accrues après la chute de la ville d’Uvira.
Albert Etunda Mahisha, président de la Société civile forces vives de la ville de Baraka, est sorti de son silence ce lundi 15 décembre 2025, dans un contexte sécuritaire particulièrement, marqué par la poursuite des conflits armés dans plusieurs zones de l’Est de la RDC. Cette situation a déjà provoqué des déplacements massifs de populations vers les pays voisins, notamment la Tanzanie et le Burundi, ainsi que vers certaines localités d’Ubwari et d’autres régions du pays.
Dans une interview accordée à la rédaction de Fizinews24.info, Albert Etunda Mahisha a déclaré :
« Nous remercions pour cette occasion de nous exprimer aujourd’hui. En tant que président de la société civile, nous sommes toujours présents dans la ville de Baraka en ce premier jour du 15 décembre 2025. Nous espérons rester ici malgré la profonde tristesse ressentie lors de nos visites sur le terrain, où nous avons rencontré de nombreux citoyens fuyant la guerre. Certains se dirigent vers la Tanzanie, le Burundi, d’autres vers Ubwari, Kazimia ou encore Kalemie. Ce sont des scènes douloureuses, avec des familles et des enfants exposés à de grandes souffrances. »
Le président de la société civile a exhorté les familles à privilégier la cohésion et à éviter les déplacements précipités, soulignant que dans plusieurs villes comme Uvira, Goma et Bukavu, des habitants sont restés chez eux malgré l’insécurité persistante.
« Nous, civils, nous ne maîtrisons ni l’origine ni l’évolution de cette guerre. Notre rôle est d’alerter les autorités. Nous demandons au gouvernement, engagé aux côtés des FARDC et des Wazalendo contre les rebelles du M23/AFC, d’assurer la protection des habitants et de leurs biens », a-t-il insisté.
Albert Etunda Mahisha a également appelé la population de Baraka à poursuivre ses activités quotidiennes dans la mesure du possible et à rester à domicile lorsque la situation sécuritaire se dégrade.
« Les questions politiques ne concernent pas directement les citoyens. Laissons le gouvernement faire son travail. Ce que nous demandons, c’est le droit fondamental de vivre en sécurité. La population doit être correctement informée sur la réalité de la situation, surtout à une période où l’insécurité est régulièrement signalée dans la ville de Baraka et dans l’ensemble du territoire de Fizi », a-t-il ajouté.
Il a rappelé que le territoire de Fizi a déjà, par le passé, connu d’importants flux de réfugiés vers la Tanzanie.
« Nous ne voulons pas revivre ce scénario. C’est pourquoi nous appelons les autorités locales et urbaines à collaborer de bonne foi afin de préserver la paix à Baraka et dans tout le territoire de Fizi, et d’éviter des drames humains et de nouveaux déplacements forcés », a-t-il martelé.
Par ailleurs, le président de la société civile s’est dit profondément préoccupé par les tirs d’armes à feu répétés entendus ces derniers jours dans la ville de Baraka, malgré la forte présence des forces de sécurité.
« Ces tirs provoquent une insécurité généralisée, la panique au sein de la population, et favorisent même des cas de violences graves, dont des viols et des vols », a-t-il dénoncé.
Il a lancé un appel pressant aux autorités militaires, à la police, aux FARDC ainsi qu’aux Wazalendo, afin de mettre un terme aux tirs intempestifs, en particulier la nuit. Il a également invité Madame le Maire à l’intérim de la ville à renforcer la coordination entre les différents services de sécurité pour mieux protéger les civils et leurs biens.
« Il est paradoxal que la présence des forces censées sécuriser la population devienne parfois source d’insécurité. Cette situation pousse de nombreux habitants à fuir vers les pays voisins ou vers d’autres provinces de la RDC », a-t-il regretté.
En conclusion, Albert Etunda Mahisha a estimé que garder le silence face à ces dérives serait une trahison envers la population.
« Notre devoir est de relayer les préoccupations des citoyens auprès des autorités et de conseiller la population. Nous appelons les habitants au calme, à rester chez eux autant que possible afin de protéger les enfants et d’éviter d’autres risques comme les maladies, les accidents ou la famine. Restons vigilants, unis et attentifs à l’évolution de la situation », a-t-il conclu.
Rédaction
